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30 juin 2014

#ChallengeAZ : Z comme Zouave

Zouave 1910
18edelignesecondempire.clicforum.fr
Les zouaves sont des unités d'infanterie appartenant à l'Armé d'Afrique, ayant existé de 1830 à 1962. Créé lors de la conquête de l'Algérie, les régiments de zouaves sont constitués tout d'abord par des soldats d'origine kabyles.

Le terme zouave vient du mot zwava, nom d'une tribu kabyle. Faisant partie des troupes ottomanes lors de la prise d'Alger par les troupes françaises, ils furent intégrés dans le "Corps des Zouaves" en 1830, pour former deux bataillons de 700 hommes. Le recrutement est mixte, c'est à dire, français et indigènes. Ils touchent la même solde. En 1833, il est décidé de dissoudre les deux bataillons pour n'en former qu'un seul, toujours à recrutement mixte mais dont les conditions de recrutement sont plus strictes pour les indigènes.

Le premier régiment est sous le commandement de Lamoricière. En 1841, on réorganise les recrutements et les régiments ne sont formés que de français de métropole et d'Afrique de Nord, avec près d'un quart de juifs algériens. En 1852, Louis-Napoléon décide de porter à 3 le nombre de régiments et de les affecter à chaque province algérienne, sous une couleur d'uniforme différente. Les Algérois à Blidah, de couleur garance; le 2ème régiment à Oran, de couleur blanche et le 3ème régiment à Philippeville, de couleur jaune.

Les zouaves sont surtout connus pour avoir combattus durant le second empire, lors de la guerre de Crimée, à la bataille de l'Alma, lors de la campagne d'Italie, à Magenta et Solferino, lors de l'expédition du Mexique et la guerre franco-prussienne. A Magenta et au Mexique les 2èmes et 3èmes régiments sont décorés de la Légion d'Honneur pour leur courage et leur combativité.

Lors de la IIIème république, quatre régiments de zouaves sont reconstitués en 1872. Ils aident au maintien de l'ordre en Algérie et en Tunisie et participent à la pacification du Maroc. En 1881, Tunis et Bizerte deviennent villes de garnison pour le 4ème régiment.
Les zouaves prendront également part aux expéditions au Tonkin à partir de 1883, par la création d'un "Régiment de marche de zouaves".
Dès 1901, chaque régiment de zouaves détache un bataillon (le 5ème) en métropole, autour de Paris et près de Lyon.


Uniformes des zouves pour la guerre 1914-1918
imagesdesoldats.com
Neuf régiment de zouaves prendront part à la Première Guerre Mondiale. Les quatres régiments de l'armée active, trois nouveaux formés en décembre 1914 et janvier 1915 en Algérie, deux autres formés au Maroc. Leurs uniformes seront d'ailleurs modifiés après les premières batailles car trop voyants, pour ressembler aux uniformes de l'Armée d'Afrique, de couleur moutarde. Les unités engagées recevront de nombreuses décorations, dont la fourragère rouge de la Légion d'honneur, la fourragère jaune et verte de la médaille militaire et la fourragère de la Croix de guerre 14-18.

Certains diront que s'ils ont été aussi décorés, c'est parce que les zouaves mais également les troupes d'Armée d'Afrique,  se sont retrouvés dans les assauts les plus meurtriers. A Souchez (62), un site sur lequel les régiments ont subi de fortes pertes, porte le nom de Vallée des Zouaves.

Durant l'entre-deux-guerres, n'ont été gardés que six régiments, les quatre premiers, le 8è et le 9è.

En 1920 et 1927, ils participent à la campagne du Maroc, puis à la guerre du Rif.
En 1927, il est décidé que les zouaves feront désormais partie exclusivement des troupes de l'Armée d'Afrique et resteront pour permettre de couvrir l'Algérie, la Tunisie et le Maroc.

A la mobilisation de 1939, les effectifs des régiments de zouaves sont portés de 1850 à 2400, voire 3000. Quinze régiments de zouaves combattront. Comme pour la guerre précédente, les zouaves seront sacrifiés, sans réelle stratégie et pour la plupart, capturés.

Durant la guerre d'Algérie, les régiments des Zouaves serviront principalement au maintien de l'ordre jusqu'à leur dissolution en 1962.

Attention à ne pas confondre les zouaves avec les régiments des zouaves pontificaux, créés en 1860 à l'appel du pape Pie XI. Créé le 1er janvier 1861 sur le modèle des troupes de zouaves de l'armée française, dont l'uniforme exotique est très populaire au milieu du XIXe siècle, le bataillon des zouaves pontificaux, devenu régiment au 1er janvier 1867 est constitué de volontaires, majoritairement français, belges et hollandais, venus défendre l'État pontifical dont l'existence est menacée par la réalisation de l'Unité italienne au profit du Piémont. Leur histoire s'identifie avec la dernière décennie de l'État du Saint-Siège (1860-1870). Le régiment est licencié le 21 septembre 1870 à la suite de la disparition des États pontificaux. (source : Wikipedia)

Sources :

28 juin 2014

#ChallengeAZ : Y comme Y a du soleil !

Eus (66) source : sitedesmarques.com
Dans le sud, il y a du soleil, certainement. Mais où y en a-t-il le plus ? A Eus (prononcer [ews]), village le plus ensoleillé de France !

Petit village du Conflent, classé "Plus Beaux Villages de France", Eus est un village en escalier, accroché à la montagne. Il doit son renouveau à la visite impromptue d'un entrepreneur de spectacle sur place lors du festival de Prades, Jacques Canetti. Celui-ci a découvert entres autres Edith Piaf, Brassens, Gainsbourg, Gréco et Boris Vian. Charmé par les étroites ruelles et les pentes rudes du village, Jacques Canetti va y installer un café-concert. Suite à sa rencontre avec la seconde épouse de Boris Vian, Ursula, et au terme d'âpres négociations, le Festival "Les Nits de la Canço i de la Musica", Festival international de Jazz verra le jour. Des artistes comme Jacques Brel, Manitas de Plata, Félix Leclerc y ont officié. L'émission "Les 400 coups" a même été enregistrée par l'ORTF.



Emplacement d'Eus (6) - source :
location-et-vacances.com
Le premier nom d'Eus, "Elzina", provient du mot latin ilex, qui désigne le chêne vert. Et, en effet, à Eus, les collines sont recouvertes de chênes verts. En mille ans, ce village a vécu l'invasion sarrasine, puis la domination de Charlemagne. Dans les années 1000, les Comtes de Cerdagne font édifier un château. A cette époque, les villageois ont donc déserté le vieux village pour venir se mettre à l'abri de la forteresse. Le château a à présent disparu mais une église (appelée église haute) dédiée à Saint Vincent a été construite sur les ruines de la chapelle, au milieu du 18ème siècle. L'église basse, dédiée à Saint-Vincent, est classée monument historique. A noter que cette église abrite aujourd'hui un retable de Paul Sunyer, frère de Joseph. Vous avez, en cliquant ici, un très joli texte donnant des détails sur la construction de cette église.(1)

Le pic du nombre d'habitants a été atteint vers 1872 avec 690 habitants. Le village sera cependant déserté par manque de travail. Il aura perdu la moitié de ses habitants à la fin de la Seconde Guerre Mondiale.

A présent le village est habité par une majorité d'agriculteurs, plutôt installés dans le bas du village. Ainsi, un très grand producteur d'agrumes, cultive sur 4 hectares de terre plus de 190 espèces différentes d'agrumes. D'autre part, 10% des habitants du village sont des étrangers, anglais ou hollandais.

De nombreuses ballades peuvent s'effectuer au départ d'Eus, vers Comes et vers Arboussols, parmi les chênes verts.

Eglise Saint-Vincent d'en Haut à Eus (66) - Wikipedia


Sources :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Eus
http://www.les-plus-beaux-villages-de-france.org/fr/node/80
http://jeantosti.com/villages/eus.htm
(1) http://pyreneescatalanes.free.fr/Villages/Histoire/Eus.php

27 juin 2014

#ChallengeAZ : X comme Série X aux AD


La série X des Archives Départementales contient les documents concernant l'administration hospitalière (hôpitaux, hospices, asiles, maisons de santé), les bureaux de bienfaisance et d'assistance, l'assistance sociale (enfants assistés, orphelinats, assistances aux familles nombreuses...), la prévoyance sociale (secours mutuels), et les assurances sociales (sécurité sociale).

source : casafr.pagesperso-orange.fr
Dans les Pyrénées-Orientales, le seul hospice dépositaire des enfants trouvés est l'hospice Saint Jean ou hôpital Saint Jean. Cet hôpital a été fondé en 1116 par Arnaud Gaufred, comte du Roussillon et fait partie des établissements médicaux les plus anciens de la Catalogne et du Midi de la France.
Agrandi puis reconstruit au 15ème siècle, dans un premier temps, l'institution avait pour vocation le secours aux pauvres de la Cité. Puis, l'hôpital a évolué pour s'occuper des soins à la population de la ville.

En 1808, l'empereur Napoléon Bonaparte souhaite réunir l'institution civile et militaire, l'hôpital va quitter ses locaux et rejoint ceux de l'Hospice de la Miséricorde, rue Foch, proche du lieu de soins des blessés de la guerre d'Espagne.

Suite au progrès des méthodes de soins et la croissance de la population, l'hôpital doit quitter les locaux de l'hospice, devenu trop exigus. Il est décidé la construction d'un  hôpital suburbain. Les travaux dureront près de 20 ans, interrompus lors de la Première Guerre Mondiale. Enfin, en 1928, l'hôpital quitte les locaux du centre et s'installe dans le quartier du Haut-Vernet, sur plus de 13 hectares. Il est construit sur le mode pavillonnaire. L'hôpital subit à nouveau des transformations en 2012 et 2013.

A noter que, durant la seconde Guerre Mondiale et l'occupation de la zone libre, certains agents hospitaliers et médecins ont contribué à camoufler le matériel médical laissé par l'armée française, cacher une quinzaine de personnes d'origine juive, et à collaborer aux réseaux de résistance. 3 agents ont été arrêtés, 1 a été fusillé et 12 ont été déportés dont 5 seulement sont revenus vivants.

Page de garde du rapport du préfet (1876)
source : gallica
Nous sommes en 1875, durant la IIIème république. Plusieurs lois constitutionnelles sont votées concernant le Sénat, la Chambre des Députés, la qualité d'électeur. La France se déchristianise (15% des enfants nés à Paris en 1875 ne seront pas baptisés). Le préfet des Pyrénées-Orientales a diligenté M. Joseph BOCAMY, médecin originaire du département, pour établir un rapport du service des enfants assistés.

Un seul hospice est concerné, l'hôpital Saint Jean, qui gère le mouvement de ces enfants entre ses locaux, la "campagne" et les familles de ces enfants. Le service des enfants assistés aura géré sur cette année 143 nouveaux enfants qui rejoindront les 424 déjà présents en début d'année. A la fin de l'année, seuls 376 enfants seront encore sous la responsabilité de l'hospice. Il s'agit d'enfants trouvés, abandonnés pour 41% d'entre eux ou orphelins. L'hospice accueille ou suit également temporairement des enfants dont les familles ne peuvent subvenir aux besoins, soit par indigence, soit par maladie.



Il n'y a pas de différence notable concernant la proportion de garçons et de filles parmi les enfants assistés.

Concernant les enfants en bas âge, le rapport énonce la nécessité d'augmenter le salaire donné aux nourrices "à la campagne" à 15 francs par mois pendant les deux premières années de l'enfant et d'y ajouter une prime d'encouragement pour les nourrices qui auraient pris soin d'un enfant dès son plus jeune âge jusqu'à son sevrage.Elles touchent 18 francs d'allocation lorsqu'elles font vacciner les enfants confiés.

Le service des enfants assistés fournit aux  familles nourricières des vêtures, décomptés par âge. Cela permet de dénombrer que 53% des vêtures distribuées concerne la catégorie des 8-12 ans, contre 28% pour les 5-8 ans. Un seul cas de vol de vêture pour un enfant de la famille de l'accueillant est dénombré cette année 1875.

Dans ce rapport, nous apprenons que dans l'ensemble les familles nourricières s'occupent correctement des enfants qui leurs sont confiés, dans le sens où ils leur permettent d'aller à l'école et de suivre une éducation religieuse. Pour cela, l'Etat leur distribue une prime de 50 francs à la première communion des enfants, mais aussi des primes "d'encouragement" allant de 3 à 8 francs s'ils sont présents à l'école. L'Etat récompense également les instituteurs qui encouragent les familles nourricières à envoyer les enfants à l'école. De plus, concernant les enfants de plus de 12 ans, les familles  nourricières leur permettent d'apprendre un métier et bien souvent les gardent au-delà de l'âge de 12 ans. 

Le rapport contient un tableau dénombrant la répartition des dépenses du service. 37% des dépenses sont dus aux frais d'assistance des enfants secourus temporairement. Le deuxième poste de dépense concerne les pensions versées aux familles nourricières à la campagne.

 Concernant ces enfants dits de la 2ème catégorie, c'est à dire âgés de 12 à 21 ans, on apprend ainsi que 53% d'entre eux exercent les métiers de bonnes d'enfants ou servantes pour les filles et domestiques pour les garçons. L'administration place 20 garçons en apprentissage et le reste des enfants (47%) sont chez des parents nourriciers ou cultivateurs. Certains enfants posent des problèmes conduite et le service des enfants assistés essaie de gérer leur surveillance, voire leur correction. Le détail des corrections et punitions n'est cependant pas détaillé !

Ce rapport permet de mieux cerner la gestion du service des enfants assistés mais aussi leur quotidien, fait de certificats de vie et de vaccination, pour lesquels on semble se soucier de leur apporter l'allaitement de deux ans nécessaires à leur bonne santé et de leur apprendre un métier. On apprend ainsi les recommandations médicales de l'époque concernant les enfants.
A travers ce rapport, on peut aussi mesurer la pression exercée sur les filles-mères dont les grossesses sont qualifiées de fautes (aucune mention de viol n'est abordée). celles-ci sont le plus souvent chassées de la maison paternelle et ne peuvent plus assurer l'entretien de leur ou leurs enfants. La plupart des filles-mères demandant un secours sont âgées de 20 à 25 ans.

Le service de l'assistance publique gère également les filles et jeunes filles (légitimes de familles indigentes), placées au Bon-Pasteur. Il s'agit d'une ancienne maison de redressement créée en 1839 ayant pour vocation de recueillir les filles repenties et les jeunes filles et femmes frappées de condamnations correctionnelles. D'abord située dans le quartier Saint Jacques, l'établissement a emménagé le long des quais de la Basse. L'instruction données aux jeunes filles leur permet d'apprendre à lire, écrire et coudre.


Bien d'autres informations peuvent être retirées de ce rapport, elles feront l'objet d'un prochain article.

sources :
http://www.ch-perpignan.fr/fr/mieux-nous-connaitre/carte-identite/peu-d-histoire.html
http://ca.wikipedia.org/wiki/Joseph_Bocamy
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6133591r.image (vue 236)

26 juin 2014

#ChallengeAZ : W comme W, ah non, comme 53 !

Drapeau du 53e RI
Comme évoqué dans l'article G, plusieurs joueurs de l'ASP Morts pour la France ont fait partie du 53ème Régiment d'Infanterie. Quatre joueurs de l'ASP (futur USAP) pour être exacte, feront partie de ce régiment basé en garnison à Perpignan lors de la mobilisation pour le conflit de la Première Guerre Mondiale.
Sa devise est "Plutôt mourir que faillir". Durant le conflit, la devise se transformera en "No Passareu" (vous ne passerez pas). Les conflits auquel il a participé sont notés sur son drapeau en lettres d'or.

source : Jean Tosti
Lors de la mobilisation d'août 1914, le régiment, composé majoritairement de Catalans et de Languedociens, était cantonné à la citadelle de Perpignan. Deux compagnies sont à Mont-Louis, une à Collioure et une au Fort de Bellegarde au Perthus. Le 7 août 1914, le régiment traverse les rues de Perpignan dans l'exaltation, commandé par le colonel ARBANERE, au son de la Marche Lorraine. En effet, ce régiment existe depuis 1658 et était dénommé à l'époque "régiment allemand d'Alsace".
Après deux jours de voyage, le régiment débarque à Mirecourt le 9 août en Lorraine.
Les soldats sont intégrés à la IIème Armée commandée par le général de CASTELNAU. Dès le lendemain, les marches forcées les emmènent vers Avricourt. Premier contact avec l'ennemi le 15 août, les obus tombent. Le lendemain, le régiment passe la frontière. Après un bivouac de 2 jours, et un passage en réserve, le régiment passe à l'offensive le 19 août à la lisière de la forêt de Vulcain à proximité de Rorbach. Raymond SCHULLER sera tué le lendemain lors de l'offensive allemande, ainsi que le général ARBANERE. Le régiment avance et arrive à Franconville le 26 août. On récupère 400 blessés allemands soignés à l'église et dans des granges, ainsi que des vivres.
Au 8 septembre, le 53e RI doit rejoindre Nancy; les Allemands menacent la capitale de la Lorraine. Après plusieurs déplacements de troupe, au petit matin du 24 septembre, le régiment attaque le bois de Voisogne, tenu par les mitrailleuses allemandes. Ce jour-là cinq officiers sont tués et trois grièvement blessés. François FOURNIÉ, demi de mélée de l'ASP décède au Bois de la Hazelle.
Après un progression difficile, le régiment va se cantonner au repos dans la région de Soissons du 8 au 15 octobre.

Après une courte bataille sur le Chemin des Dames, le régiment se porte vers Oostarven. Il fait désormais partie du détachement d'Armée de Belgique. La bataille de l'Yser se prépare. Le général FOCH a rassemblé 5 corps d'armée contre les 13 concentrés par l'ennemi.
La journée du 1er novembre sera laborieuse, faite d'avancées et de reculades, dans l'attente de renforts qui viendront un peu trop tard pour sauver le soldat Joseph LIDA, 3ème ligne de l'ASP. Voici le récit de cette journée par catherine GASNIER (Ancestramil) :

"Le 1er novembre, à minuit trente-cinq, les Hindous qui se trouvaient à notre gauche se sont repliés ; le 2e bataillon, sous le commandement du capitaine LERMIGEAUD , est envoyé pour tenir tête à l'ennemi. 
A dix heures, l'ordre est donné de reprendre l'offensive partout. Le 53e fait partie d'une colonne d'attaque placée sous les ordres du colonel commandant la 63e brigade ; il doit appuyer sa droite au chemin Oostavern-Groenlinde (Rosteville). 
Les compagnies du capitaine LERMIGEAUD à gauche prendront comme direction la lisière sud du château d' Hollebecke et le village d' Hollebecke. Une violente canonnade sur le front fait subir des pertes sérieuses aux compagnies qui, néanmoins, se maintiennent à leur place. La progression est difficile ; les éléments de droite se sont repliés, mais la situation critique est rétablie. 
A seize heure trente, la canonnade devient de plus en plus intense; tout est bouleversé, plusieurs officiers sont tués; l'ennemi, de plus en plus nombreux, nous écrase sous sa masse. Le régiment, débordé par les deux ailes, se trouve dans une situation pénible ; le colonel demande avec insistance du renfort qui n'arrive pas. 
Pour éviter l'encerclement, le colonel donne l'ordre de se reporter à quelques centaines de mètres en arrière. Les hommes sont épuisés. 
Enfin, les bataillons de chasseurs tant attendus arrivent et l'ordre est donné de reprendre l'offensive. La 3e compagnie du 53e se porte en avant. La position perdue un instant avant est reprise et le 10e bataillon de chasseurs peut ainsi s'installer aux avants-postes, sur les hauteurs de côte 40, sans coup férir. 
Cette journée glorieuse pour le régiment avait coûté de nombreuses pertes."

Avant le départ au combat, en 1914 à Perpignan (66) - source : Jean Tosti
Après plusieurs combats d'une force inouïe dans cette région, le 7 et le 8 novembre, le régiment part vers Zillebecke relever les Anglais. Il subira des pertes effroyables dont François NAUTÉ, 2ème ligne de l'ASP, tué le 9 novembre 1914.

Après plusieurs combats glorieux, le 53ème Régiment d'Infanterie participera aux combats en Champagne en 1915. En 1916, ce sera au Fort de Vaux, en 1917, aux Eparges, au Bois de Courrières et enfin en 1918, la bataille de la Somme. Le régiment ne s'arrêtera qu'à la capitulation des Allemands.

"A 23 heures, un ordre du G.Q.G. ordonne à toutes les unités de rester sur leurs positions. Le 11 novembre à 5 heures 30 , nouveau message : le maréchal FOCH prescrit la suspension des combats à 11 heures. La guerre est finie «On s'embrasse sans distinction de costume ou de grade ». "

Le régiment reste dans les Ardennes jusqu'en mars 1919. Après une cérémonie par le général DEVILLE, le 31 mars, lequel remet au régiment la fourragère aux Couleurs de la Croix de Guerre, le régiment rentre à Perpignan en septembre, sous les acclamations de la population catalane. Le 53e RI sera dissous le 1er janvier 1920, suite à la réduction des Armées, et le drapeau sera conservé par le 80e RI avant de rejoindre les Invalides.


Sources :
http://fr.wikipedia.org/wiki/53e_r%C3%A9giment_d%27infanterie_de_ligne
http://www.pages14-18.com/B_PAGES_HISTOIRE/ORGANIGRAMMES/RI/ORG.INFANTERIE3.htm#53
http://www.ancestramil.fr/uploads/01_doc/terre/infanterie/1914-1918/53_ri_1914-1918.pdf
http://1418regiments.canalblog.com/archives/2007/01/17/3997528.html
http://jeantosti.com/caserne/caserne.htm

25 juin 2014

#ChallengeAZ : V comme Vauban et ses fortifications en Roussillon


Sébastien de La Preste, marquis de Vauban, (1663-1707) est un homme talentueux : ingénieur, architecte militaire, urbaniste, ingénieur hydraulicien et essayiste. Il a été nommé Maréchal de France par Louis XIV. Il a fortifié un grand nombre de cités des Pyrénées pour le compte du roi et nous a laissé de magnifiques réalisations classées pour certaines d'entre-elles au Patrimoine Mondial de l'Unesco. Voici un petit florilège des fortifications et villes créées par Vauban en Roussillon... 


Quelques fortifications de Vauban en Roussillon - Google Maps
 

Vue aérienne de Mont-Louis (66) - Wikipédia
Mont-Louis : C'est une ville nouvelle créée par Vauban à la fin du 17ème siècle. Le choix de l'emplacement se fait suite à la signature du Traité des Pyrénées en 1659. L'Espagne étant en fin de domination, le but est de construire une place forte pour surveiller les entrées de la Province du Languedoc, les mouvements de troupe et de contrôler la route du sel. C'est l'ancien site de Vilar d'Ovança, à plus de 1600m d'altitude, qui est choisi pour construire la place forte constituée d'une citadelle, d'une ville haute et d'une ville basse, appelée Mont-Louis en hommage au roi. Les travaux débutent en 1679, effectués par 3000 soldats et 500 artisans pour construire l'essentiel de la forteresse en 2 ans. En 1681, la place est inaugurée en présence de son nouveau gouverneur François de Fortia, marquis de Durban.

La ville sera bâtie à partir de 1727, pour remplacer les baraquements en bois dans lesquelles sont logés les habitants jusqu'à présent.

Four solaire de Mont-Louis (66) - Wikipedia
L'unique accès de la ville se fait par la Porte de France, passage sécurisé par un pont-levis, trois portes, une herse et deux salles de corps de garde. La ville basse a été prévue pour accueillir les commerçants, bourgeois, artisans. Les échauguettes (petites tours d'angle) permettent de surveiller toutes les directions et ont fait que Mont-Louis n'a jamais été assiégée.
A noter que depuis 1964, la citadelle de Mont-Louis accueille le Centre National d'Entraînement Commando. D'autre part, des travaux de Lavoisier, qui y avait érigé un grand "concentrateur à lentilles" capable d'enflammer une bûche de bois en quelques secondes, ont été poursuivis par un spécialiste du CNRS. Mont-Louis bénéficiant de plus de 3000 heures de soleil par an, un four solaire y a été construit en 1947, remplacé par un grand four en 1993 pour la recherche scientifique et des productions artisanales ou industrielles, comme par exemple le sifflet du Train Jaune ou les potiers marocains de Safi en ce moment.

Mont-Louis est classé au Patrimoine de l'Unesco.



Fort Saint Elme à Collioure (66) - Wikimédia
Fort Saint-Elme et Miradoux à Collioure : Cité de résidence d'été des rois de Majorque, récupérée par Louis XIV en 1643 et annexée suite au Traité des Pyrénées, Collioure devait être une ville de garnison. Vauban rasa donc la vieille ville pour dresser l'enceinte extérieure du fort (ancien château royal), le Fort Saint-Elme et  le Mirador, et aménager le glacis. La population est déplacée dans une nouvelle ville construite plus au nord. La citadelle sera transformée en prison en 1939 et le château royal servira de camp disciplinaire pour les réfugiés de la Retirada. Vauban avait d'abord jeté son dévolu sur Port-Vendres qu'il souhaitait aménager en grand port militaire. Suite à l'opposition sur place, il s'est rabattu sur Collioure.(1)

Village fortifié de Villefranche-de-Conflent (66) - Wikipédia
Fort Libéria et Cité de Villefranche-de-Conflent : Construit par Vauban en 1681 en même temps que Mont-Louis, le fort est relié à la cité de Villefranche de Conflent par l'escalier des mille marches (734 en réalité). Le Fort abrite la prison des Dames, les fameuses empoisonneuses de Louis XIV, emprisonnées à vie. Le fort est inscrit au Patrimoine mondial de l'Unesco en 2008 et monument historique en 2009. En contrebas du Fort Libéria se trouve donc la cité de Villefranche-de-Conflent, assiégée par les français en 1654. De nouvelles fortifications sont érigées sur les plans de Vauban en 1669. Abritant encore des maisons médiévales, un beffroi carré et l'ancien hôpital de 1228, Villefranche est classée plus beau village de France.



Fort de Bellegarde au Perthus (66)
source : fortified-places.com
Fort de Bellegarde : Situé au dessus de la ville frontalière du Perthus, il sert à la protection du Col du même nom. Le Perthus devient territoire Français après la signature du Traité des Pyrénées. L'ancien fort sur place est donc rasé, les travaux, commencés en 1677, s'achèveront en 1694.  De forme pentagonale, le fort est constitué d'un glacis de 1 km de long, de cinq bastions. Derrière le rempart, un mur renforce sa protection. Au coeur de la forteresse, était établis une garnison de 600 hommes ainsi qu'une chapelle, un hôpital, une boulangerie et son moulin. Là aussi, c'est la Porte de France qui est l'unique porte d'entrée dans le Fort. Plus récemment, le Fort servira de camp d'internement lors de la Retirada en 1939. le Fort a servi de lieu de tournage aux films "La Scoumoune" avec Jean-Paul Belmondo et Claudia Cardinale, "L'évadé"  avec Charles Bronson, et "Le Solitaire" avec Raymond Pellegrin et Jean Lefèbvre.


Fort Lagarde à Prats-de-Mollo (66) - Wikipédia
Fort Lagarde à Prats-de-Mollo : Le Fort Lagarde a été construit par Vauban à la fin du 17ème siècle, également suite au Traité des Pyrénées qui en fait une place-forte frontière, à seulement 13km de l'Espagne. En 1677, un donjon en forme d'étoile est édifié autour de la vieille tour à signaux. Il permet aux soldats français de contenir la révolte des Angelets. En effet, la gabelle, qui avait été supprimée en 1292 et est remise en vigueur par le roi en 1659, donne naissance à un trafic de contrebande du sel d'Espagne, par le col d'Ares entre autres. Suite à la répression par les soldats, les catalans se révoltent en 1666. Après le siège de la ville, le château est renforcé pour accueillir une plus grosse garnison. Faute de moyens financiers, Vauban ne pourra pas mener à son terme le démantèlement et la reconstruction du fort. Le Fort est classé monument historique depuis 1925.


Sources :
Articles : Vauban, Collioure, Fort Lagarde, Fort Bellegarde, Fort Saint Elme, Mont-Louis, Réseau des sites majeurs de Vauban, Citées fortifiées par Vauban, in Wikipédia
L'histoire de nos villages, Jean Rifa, tome 1 à 3, éditions Alliance.
http://jeantosti.com/villages2/portvendres.htm 
http://www.mont-louis.net/
http://www.villefranchedeconflent.fr/
http://www.sites-vauban.org/

24 juin 2014

#ChallengeAZ : U comme Us et coutumes...

Flama del Canigo
...catalans, bien sûr ! En ce 24 juin, j'évoquerais donc les feux de la Saint Jean, els focs de Sant Joan.

La Saint Jean a lieu dans toute la France, mais elle revêt un caractère patrimonial et culturel important dans le Roussillon et la Catalogne Sud.

Herbes de la Saint Jean
Le matin de la Saint Jean, des jeunes filles doivent cueillir certaines herbes spécifiques, encore baignées de la rosée du matin. Ces plantes, au nombre de 30 selon les régions, seront rassemblées en un bouquet ou en croix. Principalement, on utilise le millepertuis, l'armoise, l'orpin, la verveine, les feuilles de noyer et le lierre terrestre.
Ces bouquets, appelés ramellets, sont des porte-bonheur. Les participants doivent les garder toute l'année et brûler le soir de la Saint Jean le bouquet de l'an passé. Ces plantes ont des vertus médicinales reconnues pour les maladies de peau. Dans le Conflent, on raconte qu'un lépreux guérira, en se roulant, le matin de la Saint Jean dans un champ où poussent les herbes miraculeuses.(1) De même, les herbes clouées au fronton des maisons sont sensées empêcher le diable et les mauvais esprits d'y entrer.



Tas des fagots durant la Trobada del Canigo
source : marcelocaballero-fotografia.blogspot.fr

Flama del Canigo
Il est de coutume, le 22 juin, d'aller raviver la flamme de la Saint Jean gardée le long de l'année au Castillet, à Perpignan. Il s'agit d'une ancienne tradition, remise au goût du jour en 1955 par François Pujade, un montagnard d'Arles-sur-Tech (66). Dès l'année suivante, le Cercle des Jeunes va reprendre le flambeau. En 1963, la flamme descendra dans la plaine. En 1964, dans le Castillet, abritant le Musée Catalan des Arts et Traditions Populaires, une cuisine sera reconstitué et la flamme viendra allumer l'âtre de cette cuisine. A partir de cette date, la flamme ne s'éteindra plus. Chaque 22 juin, trois montagnards partiront avec cette flamme au sommet du Canigo pour renouveler la tradition. Les fagots, portant le nom des villages catalans participants, sont montés le week-end précédent lors de la Trobada del Canigo. Dans la nuit du 23 juin, des montagnards, seront chargées de transmettre la flamme dans tous les villages du Roussillon, mais aussi à Barcelone, à Paris, aux Baléares...

Trajet de la Flama del Canigo en Catalogne Sud source : cedosrios.org

Voici le message des feux de la Saint Jean 2014, qui sera lu dans chaque village à l'arrivée de la flamme :

"Nous sommes réunis ce soir pour honorer cette petite flamme vivante depuis un demi-siècle. Comme une grande farandole de lumière, venue depuis notre pic sacré, des centaines de coureurs se sont relayés pour nous transmettre le message lumineux de la Flamme du Canigo'.
FRATERNITÉ, PARTAGE, CATALANITÉ, FERVEUR.
Ensemble, en allumant ici un feu de la Saint-jean par sa brillance et son éclat, nous faisons naître une étoile de plus dans le firmament de cette nuit qui fête aussi le solstice d'été.
Faire revivre  les traditions c'est un symbole puissant, c'est manifester la volonté d'un peuple fidèle à ses racines qui veut garder vivante sa langue,sa culture, et son histoire.
Fêtons dans la joie,ces Feux de la Saint-jean, qu'ils apportent à tous espérance et bonheur."
Feux de la Saint Jean au pied du Castillet - Perpignan (66)
source : capcatalogne.fr

Et bien entendu, les participants danseront la sardane.



Une petite vidéo du comité international de la Flamme du Canigo :



Et voici un dicton de la Saint Jean, parmi d'autres :
Per Sant Joan, tot neix i tot creix.
Pour la Saint Jean, tout naît et tout pousse.

Bones festes de Sant Joan !

Sources :
(1) http://www.acg66.org/focs%20de%20Sant%20Joan.pdf
http://www.feuxdelasaintjean.com/index.html
http://pyreneescatalanes.free.fr/Decouvrir/Traditions/StJean.php

23 juin 2014

#ChallengeAZ : T comme Trabucayres

Source : Cap Catalogne
 28 mars 1846. Aujourd'hui, c'est le dernier jour du procès des contrebandiers qui ont semé pendant 2 ans la terreur sur la route de Perpignan à Barcelone, les Trabucayres, nommés ainsi car ils sont équipés de trabucs (tromblons).

Il s'agit d'espagnols partisans de Don Carlos, les carlistes. Leur quartier général avait été établi à Las Illas. Ils sont accusés d'association de malfaiteurs, vols avec circonstances aggravantes et séquestration avec menaces de morts, tortures corporelles, meurtres avec tortures et actes de barbarie et assassinat. Ce ne sont pas anges les Trabucayres !

 La bande est composée de 22 bandits, âgés de 20 à 47 ans, dont :
- Simon, dit Coll-Suspiné, le chef présumé de la bande
- Icazes, dit Lorens,
- Espell, dit Fray,
- Balme, dit Sagals, dit Manut, dit Berlaguer
- Barlagué, dit Negret,
- Fabrégas, dit Noi-Piou,
- Matheu, dit Xicolate (le sanguinaire),
- Forgas, dit Manut,
- Reigt,
- Camps, dit Sabé,
- Pujadès,
- Justafré,
- Forcadell, dit Garcias,
- Barnedes, dit Tia,
- Vicens, dit Rata ou de la Biuda,
- Colomer, dit Serinette,
- Catherine Gatel, ou Lacoste,

et cinq accusés par contumace :
- Bosch, dit Janneton,
- Planès d'amont,
- Pujal, dit Parot,
- Joseph, dit Jep de la Helena,
- Fabrach, dit Domingo,

Vêtus à l'espagnole et coiffés de la baratina, ils ont l'air fier et audacieux.

La bande se divisent en deux groupes, la bande active, les auteurs des méfaits, et ceux qui les ont aidé à gérer leur retraite et les fournissaient en armes et autres.

Simon est le chef de la bande. Il clame son innocence et crie au complot politique. Icases, lui est également chef de bande mais aussi son caissier et son chef d'exécution, c'est lui qui tranche les malles des diligences à la hache !
Balme était chargé de désigner les personnes à séquestrer. Joseph Matheu dit Xicolate (Chicolate), exécutait également, n'hésitant pas à fracasser le crâne d'un gendarme, déjà blessé mortellement par un de ses acolytes.

Voici une partie de la déposition de l'un des accusés, Pujadès :

Territoire couvert par les Trabucayres (66)
"La diligence arrive, on l'arrête; on coupe les traits des chevaux, on fait descendre les voyageurs. Coll-Suspiné demande les passeports, afin de voir quels sont les plus riches et ceux qu'on doit emmener en captivité.[...] En arrivant près de la diligence, je vis tous les voyageurs assis par terre ; on coupa les sous-pieds des pantalons aux trois prisonniers Bailber, de Girone, Roger, de Figuières, et Massot, de Darnins; la mère de ce dernier s'était jetée aux pieds de mes compagnons, demandant grâce pour son fils qu'elle tenait fortement embrassé, mais mes compagnons la repoussèrent en lui disant : "tais-toi! Tes cris nous fatiguent, et nous allons poignarder ton fils si tu ne gardes pas le silence." [...] "rendez-moi mon fils, je vous donnerai plus d'argent que vous n'en voudrez."

Durant le voyage pour rejoindre leur cache, Bailber, âgé de 70 ans, mourut de fatigue.  Après plusieurs haltes dans des maisons dans la montagne, Roger, l'autre prisonnier, banquier à Figueras, trouvera la mort suite à une altercation avec les autorités. La bande se divise en deux groupes dont l'une prend le chemin d'une grotte, à Bassaguada. Suite aux demandes de rançon pour Massot, jeune étudiant de 16 ans, la bande reçut 100 quadruples, le dixième qui avait été demandé à la mère de Massot. La bande exigea 1000 onces, sous peine de lui envoyer les oreilles de son fils, puis les yeux et enfin la tête. Après plusieurs jours de négociation avec la mère de Massot, qui ne possédait pas la somme demandée, la bande décida de se débarrasser du prisonnier, ce dont s'acquitta Chicolate. Partis vers le Mas de l'Aloy, à Corsavy, ils furent encerclés le 5 mai 1845 et arrêtés. Dans un panier furent retrouvées le lendemain les deux oreilles de Massot.


144 témoins seront auditionnés à la barre pour constater les faits de violences, vols meurtres et  séquestrations. Lorsque le Président de la Cour demande aux accusés s'ils veulent ajouter quelque chose, voici ce que quatre d'entre eux répondent :
"Simon (Coll-suspiné) : Je n'ai jamais fait de mal aux Français, je suis innocent; si je suis condamné, point de prison je demande la mort.
Marlabé dit Négret : Je suis innocent, je n'étais pas à l'attaque de la diligence; si j'y avais été, les officiers espagnols ne vivraient pas, j'aurais vengé la mort de mon père, de mon frère, de tous mes parents !
Matheu : Je n'étais pas au pillage de la diligence; je me serais fait un honneur d'égorger les officiers espagnols.
Camps : Je ne suis pas coupable; on a dit que j'avais tué un moso de la escuadra : Oui ! et Camps en a tué beaucoup en Espagne ! Si je m'étais trouvé au sac de la diligence, non seulement j'aurais écrasé la tête des deux officiers, mais je me serais lavé les mains dans leur sang ! ..."
A la lecture du verdict, les accusés se déchaînent et promettent milles morts aux témoins et anciens compagnons de la bande qui ont témoigné contre eux.

Simon, Icases, Balme et Matheu sont condamnés à mort, les deux premiers seront exécutés à Céret, les deux autres à Perpignan.

Les Gorges de la Fou (66)
Source: jedecouvrelafrance.com
Les autres compagnons seront condamnés à des peines de prison, de 3 ans à dix ans de prison, de dix ans de travaux forcés à perpétuité, en fonction de la façon dont il pris part aux évènements.

La Cour de Cassation a rejeté le pourvoi que les 4 condamnés à mort ont demandé et a confirmé le jugement de la Cour d'Assises de Perpignan. Ils tentèrent de s'évader en pratiquant un trou de la muraille de la prison mais furent interrompus par les gardiens, alertés par le bruit. Ils furent guillotinés fin juin 1846.

Pour cacher leur butin, de plus en plus important, les trabucayres utilisèrent les grottes des Gorges de la Fou, à Arles sur Tech. Malgré les menaces et les questions, aucun d'entre eux ne révéla le lieu où ils cachèrent leur trésor...

Sources :

21 juin 2014

#ChallengeAZ : S comme Saperlipopette

Nous voici dans la dernière ligne droite de l'affaire PAPIN !

Résumé des faits : Voir la lettre D, F et M.

Après avoir fait un détour dû à une information erronée, je remonte l'arbre de mon ancêtre Marie PAPIN, la mère de Marie MONCHÂTRE, mon sosa 56 et la femme de Alexis MONCHÂTRE, mon sosa 115.

Nous aboutissons donc à ceci :

Arbre patronymique Marie PAPIN épouse de Alexis MONCHATRE (Sosa N°115)
A ce niveau des recherches, il s'agit de faire un relevé systématique de tout ce qui concerne les PAPIN dans la commune de Volnay (72).

J'avais dépouillé jusqu'en 1721 les regsitres BMS pour trouver deux Marin PAPIN, enfant de Marin PAPIN et Marie CLEMENT, ils ont eu 7 enfants en tout. J'ai retrouvé leur mariage le 24 septembre 1719. Marin est dit fils de Marin PAPIN et... c'est tout ! Mais l'époux est "assisté de Marin papin son père de rené michel mathurin et pierre les papins ses frères".

J'ai trouvé le mariage le 17 janvier 1719 de Michel PAPIN et Julienne GERMAIN, les ancêtres des soeurs PAPIN, lesquels sont assistés de son "père et de marin rené et mathurin les papins ses frères".   

Au mariage le 1er février 1717 de Mathurin PAPIN et renée ROUINSOLLE, l'époux est assisté de "marin papin père de l'époux de marin papin frère de l'époux de michel les papins oncle et cousin de l'époux".

Nous aurions donc Michel, Mathurin et Marin qui sont frères et enfants de Marin ?

En épluchant les registres de Volnay de 1687 à 1703, je trouve la naissance de deux Marin PAPIN. Le premier naît le le 24 juillet 1695, fils de Marin PAPIN et Julienne PAVY, les parrain et marraine sont Marin PAPIN et Renée PAPIN.

Baptême Marin PAPIN 1695 Volnay (72)

Le deuxième Marin PAPIN naît le 23 février 1696, de René PAPIN et Michelle VIOLON. Il n'y a pas d'autres naissances de Marin PAPIN sur cette période.

J'ai également trouvé un décès de Marin PAPIN, âgé de 4 ans environ le mars 1699, sans précisions sur ses parents.

A noter aussi que je trouve les naissances de Mathurin, fils de Marin et Renée PAVY en 1696, Michel, du même couple, le 22 juillet 1692, Pierre, le 11 décembre 1689 et Jacques, le 17 janvier 1687.

Baptême Mathurin PAPIN 1696 - Volnay (72)

Baptême Michel PAPIN 1692 - Volnay (72)
Baptême Pierre PAPIN 1689 - Volnay (72)

Baptême Jacques PAPIN 1687 - Volnay (72)

Je me retrouve donc bien embêtée car même si Marin PAPIN décédé en 1699 était le fils de René, les mères du deuxième Marin et des frères PAPIN, n'ont par le même prénom (Julienne et Renée). 

Si Marin né en 1695 était le frère de Michel, il aurait eu 24 ans à son mariage, c'est possible.

En clair, j'ai de fortes présomptions que ce Marin PAPIN et Michel PAPIN soit frères et donc que les soeurs PAPIN soient des cousines de ma grand-mère.

Ce qui me chiffonne, c'est que même si ma grand-mère a dit "cousines éloignées", elles sont quand même éloignées de 15 degrés selon le droit civil. Cela me semble trop éloignés pour que cela soit su dans la famille. A moins que le simple fait de voir PAPIN et que l'arrière-arrière-grand-mère de ma grand-mère s'appelle PAPIN ait mis la puce à l'oreille de ma grand-mère.

Je compte donc vérifier au niveau des collatéraux, si nous ne cousinerions pas à une date plus proche.

La résolution de l'énigme n'est donc pas terminée !

20 juin 2014

#ChallengeAZ : R comme Retirada

450.000, c'est le nombre minimum de réfugiés espagnols qui passent la frontière espagnole à partir de janvier 1939, suite aux affrontements entre les républicains et l'armée de Franco.
Retirada - février 1939 - nopasaran36.org
Dès janvier 1938, suite à la guerre civile en Espagne, la France avait prévu d'accueillir quelques réfugiés, mais les 4 camps mis en place, d'une capacité totale de 15.000 places sont complètement dépassés. "En deux semaines seulement, 100 000 réfugiés vont passer le col d'Arès, à Prats de Mollo. Tous les points de passage sont concernés. Le col du Perthus, la route de Cerbère voient passer les foules."(1)
Un décret passé précédemment en France, va permettre "l'internement des étrangers indésirables". Les familles sont dépouillées de leurs biens à la frontière, divisées, les hommes le plus souvent internés sur place; les femmes, les enfants et les personnes âgées envoyés dans le sud de la France.

Trois zones de regroupement sont mises en place dans les Pyrénées-Orientales : 
- la Cerdagne (les centres seront fermés à cause des températures excessivement basses, qui entraîneront la mort de 2 enfants sur mille), 
- le haut-vallespir (Arles-sur-Tech, Amélie-les-Bains, Saint-Laurent -de-Cerdans), 
- les camps du littoral (Argelès-sur-Mer, Saint-Cyprien, Le Barcarès). 
Des camps spécialisés pour gérer le matériel sont basés à Perpignan et Villeneuve-la-Rivière.

Camps de réfugiés espagnols en France - 1939
www.nopasaran36.org
"Les premières semaines, les hommes dorment à même le sable ou la terre, sans baraquement pour s’abriter. Les décès sont réguliers en raison du manque d’hygiène et des difficultés d’approvisionnement en eau potable et en nourriture. Les conditions de surveillance sont drastiques et assurées par les troupes militaires, tirailleurs sénégalais, spahis ou garde républicaine mobile.
Humiliés par cet accueil et les conditions de vie qu’ils subissent durant leurs premiers mois en France, les réfugiés tentent cependant d’améliorer leur quotidien dans les centres d’hébergement et dans les camps. En comptant parfois sur l’aide de différentes organisations internationales de soutien aux réfugiés espagnols, ils organisent différentes activités afin de ne pas sombrer dans la folie et la dépression. Jeux de cartes, parties d’échecs, rencontres sportives, cours scolaires de tous niveaux, rédaction de journaux ou de bulletins, conférences improvisées et discussions politiques constituent l’emploi du temps de la majorité des réfugiés."
(2)

Pour permettre les retrouvailles des familles, des journaux comme l'Indépendant publie les annonces des refugiés. Le journal envoie des exemplaires dans toutes les préfectures, pour que les réfugiés dans les camps puissent en avoir connaissance. Les réfugiés eux-mêmes publient leur propres journaux d'exil.

Certains réfugiés ont pu rester en France, malgré leur enrôlement pendant la guerre. Des exilés sont déportés vers les camps d'extermination nazis. Ils n'auront le statut de réfugié politique qu'en 1945.

A la fin de la guerre, plusieurs réfugiés décideront de rester dans les Pyrénées-Orientales. Il s'agit d'un apport humain et culturel important pour le département. Pau Casals et Antonio Machado, pour ne citer qu'eux, faisaient partie des exilés.

En 2009, ont été commémorés les 70 ans de la Retirada, grâce à un partenariat entre les institutions espagnoles et françaises. Le Musée Mémorial de Rivesaltes, à l'emplacement de l'ancien Camp Joffre, devrait ouvrir ses portes en 2015.


Sources : 
Wikipédia.fr http://fr.wikipedia.org/wiki/Retirada#Pyr.C3.A9n.C3.A9es-Orientales 
(1) histoire-immigration http://www.histoire-immigration.fr/des-dossiers-thematiques-sur-l-histoire-de-l-immigration/la-retirada-ou-l-exil-republicain-espagnol-d-apres-guerre
(2) Pyrénées Catalanes http://pyreneescatalanes.free.fr/Histoire/Retirada1.php

19 juin 2014

#ChallengeAZ : Q comme Qu'est-ce que c'est que ce prénom ?

Prénoms rares, inusités mais bien présents dans les actes.

Lors de mes recherches généalogiques, j'ai été fort étonnée de trouver certains prénoms, certains inconnus, d'autres difficiles à porter de mon point de vue.

Si j'étais habituée aux "Marie", "Jean", "Madeleine" et autres "Marguerite", j'ai été bien surprise lorsque j'ai rencontré mes premières "Jacquette", "Jacquemine" et autres "Euphrasie" et "Péronelle". Que peuvent-ils nous apprendre sur le quotidien de nos ancêtres ? Quelle lumière apporte-t-il sur le statut social des parents ou des proches qui ont choisi ce prénom ? Et tout d'abord, comment étaient choisi les prénoms ?


Avant la Révolution, les prénoms étaient couramment choisi parmi ceux du parrain et de la marraine du baptisé ou du saint du jour. D'autres parents décidaient de nommer leurs enfants du prénom du saint patron du village. Par exemple, les filles se prénomment régulièrement Colombe sur la commune de Finestret (66). Plus tard, lors de la Révolution, on s'accorda à choisir le prénom du saint du jour. Or, les saints catholiques ayant été remplacé par des noms plus courant, on pouvait baptiser son enfant Chène, Platane, Canard ou Mélisse ! Suite à une loi du 1er avril 1803, il fut interdit de donner de prénoms autres que ceux du calendrier grégorien ou des prénoms de personnages historiques.
Il n'existe à présent plus d'interdit, hormis les prénoms qui auraient tendance à être difficiles à porter, et ceci, selon l'appréciation de l'officier d'état civil chargé de recevoir la déclaration. Ce n'est que depuis 1955 que le législateur a prévu la possibilité de changer de prénom.

Les prénoms varient selon la région. En effet, c'est en remontant une branche du côté des Cotes-d'Armor fin du 18ème siècle, que j'ai vu apparaître les prénoms Jacquette, Péronelle, Jacquemine... Or ce sont des prénoms courants dans cette région. Par exemple, J'ai recensé pour l'instant 17 Jacquette sur 1332 naissances sur le village de La Prénessaye (22).
Concernant des recherches sur les Pyrénées-Orientales, nous verrons apparaître des prénoms catalans ou à consonnance espagnole : "Jaume", "Bernada", "Maria"...

Les prénoms peuvent être féminisés ou masculinisés selon si les parents espéraient un garçon ou une fille. Je reprends l'exemple de Jacquette qui est éthymologiquement la féminisation du prénom Jacques. Idem pour le prénom Guillemette. Mais qu'en est-il de Sosthène, rencontré sur une fiche matricule du département des Ardennes (matricule 739 classe 1884) ? Ses parents se nomment François et Céleste. Il s'agit d'un prénom d'origine grecque qui signifie "celui dont la force est intacte". Ce prénom était bien noté sur le calendrier 1884, au 28 novembre.
Source : Delcampe.net

Est-ce comme cela qu'il a été choisi, Sosthène étant né le 13 décembre à Paris ?

Et vous, quels sont les prénoms les plus étonnants que vous ayiez trouvé ?

18 juin 2014

#ChallengeAZ : P comme Patrimoine numérisé de la médiathèque de Perpignan

Castillet, Perpignan (66)
source : www.creme-de-languedoc.com
Pour connaître une région et ses particularités géographiques, sociales, et historiques, rien de tel que d'habiter sur place. Mais lorsqu'on est loin, il devient difficile voire onéreux de devoir se documenter par les livres ou attendre une excursion dans la région concernée.

Plus besoin de se déplacer pour appréhender Perpignan la Catalane et sa région, le réseau des médiathèques de Perpignan a entrepris depuis 2005 de numériser ses collections de manuscrits, cartes et autres documents du patrimoine culturel et historique catalan.
Deux objectifs sont poursuivis dans ce projet : valoriser les collections locales et sauvegarder les originaux.

Les documents sont imprimables et téléchargeables pour une utilisation privée. Une reconnaissance OCR permettra même bientôt la recherche dans les textes.

En créant un espace client, vous pouvez garder en favoris des documents, télécharger des dossiers et également enregistrer une sélection d'images accessibles partout.

Deux catégories de documents sont disponibles : le fond ancien général et le fonds local. Un module de recherche, basique pour l'instant, permet de consulter les documents selon un titre, un auteur ou un éditeur.

Sans entrer dans une liste fastidieuse de documents, je ne mettrai en avant quelques documents qui me semblent réellement extraordinaires et/ou utiles pour les généalogistes que nous sommes par leur contenu. Je vous laisse le soin de "farfouiller" plus en avant dans le catalogue.


Le fond ancien général

Il est constitué de 7 sous-catégories : Arts et Métiers, Langue, Littérature latine, Médecine, Occitan, Philosophie et Religion.

Dans la catégorie Arts et Métiers, on peut lire Les Arts et Métiers de Jean-Victor Adam, peintre et lithographe, reprenant une description et une gravure de 24 métiers ou arts principaux. Écrit vers 1830 , il est à l'attention des enfants à l'origine, mais est complet et permet de mieux comprendre certaines tâches des professions de nos ancêtres.

Le fonds ancien local

Il est constitué de 21 sous-catégories parmi lesquelles :

Almanach de l'année 1834  Patrimoine Médiathèque de Perpignan
Almanach de l'année 1834
Patrimoine Médiathèque de Perpignan
"Almanach - annuaires" : des almanachs de 1834 à 1907 qui reprennent les membres de l'Etat et du gouvernement national et local, du clergé,  la définition des arrondissements dans le département, mais aussi les jours de marché, les listes des électeurs, etc.


 "Arts et traditions" : la cuisine catalane de Albert Bausil, chef du Coq Catalan. Il contient quelques publicités de restaurants de 1919, mais surtout c'est un recueil de spécialités de recettes et produits locaux défendus (en catalan et en français) par les chefs et les lecteurs de ce périodique des Pyrénées-Orientales.

 "Cartes et Plans" : établis du 17ème au 20ème siècle concernant les villes mais aussi les reliefs naturel. 


Carte Postale (1910)
Photographies de 1907 - Crise viticole à Perpignan
Patrimoine Médiathèque de Perpignan
 "Cartes postales" : en noir et banc ou colorisées, pléthores de cartes postales concernant des lieux ou des évènements du département, dans les années 1900.

 "Economie" : plusieurs documents concernant l'agriculture, la viticulture, l'irrigation mais aussi le catalogue de l'exposition internationale de Perpignan de 1898 ou les tarifs des marchandises dans le Roussillon en 1654.


"Enseignement" : le Rapport sur la situation de l'enseignement primaire [...] pendant l'année 1892-1893, avec la description des installations scolaires et du personnel scolaire, par exemple.

"Géographie et Description de voyages" : Guides d'excursions du 18ème  au 20ème siècle avec lithographies, souvent accompagnés de notices historiques sur les villages.

 "Gravures" : Lieux et célébrités du département du 18ème au 19ème siècle

Le Cri Catalan - 29/01/1910 - hebdomadaire
Patrimoine Médiathèque de Perpignan
 "Presse" : 40 périodiques dont les plus connus : "le Cri Catalan", "l'Abeille Roussillonnaise", mais aussi les publications du Syndicat Agricole de Pyrénées-Orientales et des Coopératives...

 "Sciences et techniques" : le chapitre climatologie et le document du Dr Jacques Fines qui répertorie 38 années d'observations météorologiques de 1836 à 1879.

"Villes, villages et lieux" : Notices et documents plus précis sur certaines villes thermales et du littoral, Perpignan et ses sites archéologiques.

Vous l'aurez compris, il faudrait des heures pour pouvoir énumérer la richesse des ces fonds qui vous permettront d'agrémenter vos rapports de généalogie catalane.

17 juin 2014

#ChallengeAZ : O comme Onomastique

L'onomastique est la science qui étudie les noms propres (1). En généalogie, on pense généralement aux noms de famille mais aussi aux toponymes. L'onomastique est plus large, car si elle regroupe l'étude des noms, concernant les personnes, elle peut tout aussi bien concerner les anthroponymes (nom de personnes) que les pseudonymes, les matronymes (transmis par la mère), les gentilés (désignation des habitants d'un lieu), etc.
Concernant les noms de lieux, elle recouvre l'étude des choronymes (nom de région), les hydronymes (nom d'un cours d'eau), et aussi les odonymes (noms de voie de communication), entre autres.

Pour en revenir à la généalogie, je souhaitais évoquer les noms de famille catalans, puisque c'est le territoire sur lequel j'interviens.

Lac des Camporells (66) - linternaute.com - (c)Patrick Sanchez
Les noms de familles des Pyrénées-Orientales étaient au nombre de 8767 vers les années 1900. On en dénombre à présent 20 000. Le nom le plus long est MONTGAILLARD et les plus courts sont BO et PY. Il n'y a pas de noms commençant par les lettre K, U, W, Y ou Z, dans les mille premiers noms portés.

Concernant leur origine, dans les Pyrénées orientales, il existe quatre catégories par ordre d'importance :
- les noms indiquant une origine géographique (42%)
- les noms de familles qui sont des prénoms (28%)
- les noms se rapportant à un métier (16%)
- les noms concernant une caractéristique physique ou morale (14%).

Certains noms sont clairement d'origine espagnole (castillane) : MARTINEZ (2ème position dans la liste des mille premiers noms), GARCIA (3ème), LOPEZ (6ème), SANCHEZ (7ème), PEREZ (12ème), FERNANDEZ (16ème), etc.

Les noms issus d'un lieu

La difficulté pour définir l'origine d'un nom des Pyrénées-Orientales, c'est que le mot d'origine est souvent catalan.
On distingue deux types de noms : les noms de voisinage et les noms de provenance.
- les noms de voisinage indiquent souvent l'emplacement de la maison de l'ancêtre initial : DELCASSO, GARRIGUES, ROVIRA.. évoquent les chênes. ABELANET évoque un noisetier, CASTANY un châtaigner, FAJAL un hêtre, PY et PINEDA, des pins. Les broussailles seront à l'origine des noms BOIX, BOSC, GINESTE, TAILLADE... Si la famille vivait à proximité de l'eau, nous retrouverons les noms RIVIERE, RIUS, CANAL, TORRENT, XAMBO. S'il s'agissait d'une montagne à proximité, ce sera plutôt COMBES, COSTE, MONTES, PUIG. Pour les creux, ce sera CROS, BONAFOS, FONS...
Enfin, selon l'emplacement de la maison, on trouvera les noms CASES, DUMAS, DUBOURG, CASTELLO, CLOS...

- Les noms de provenance servaient à nommer les personnes originaires d'autres régions, CARCASSONNE, FOXONET (de FOIX), ANGLÈS (Angleterre), BASCOU (Pays Basque), GASCH (Gascogne), PEYTAVI (Poitou).
Enfin, les noms peuvent aussi provenir de souvenir de voyage comme JOURDA, rappel d'un voyage en Terre Sainte jusqu'au Jourdain.

Les noms issus de prénoms

Certains proviennent de prénoms parfois connus, parfois moins : BERTRAND,  BASTIDE, mais aussi ALLARD, GALTIER (de Gauthier), PONS, ESTÈVE, NOELL, GIRALT, ARNAUDIÈS, RAMON, VIAL, NADAL (Noël en catalan)..
Dans les Pyrénées-Orientales, certains noms issus de prénoms sont d'origine germanique. Rien à voir avec une quelconque invasion wisigothe mais plutôt l'utilisation de prénoms à la mode qui ne plus donnés pour leur sens initial évoquant la gloire ou le combat : ARLOT (guerrier qui gouverne), AUZARD (vieux et fort)...

Les noms se rapportant à un métier

Comme pour les noms du territoire français, nous aurons souvent des BOULANGER et des MEUNIER, sauf qu'il s'agira du mot catalan, c'est à dire MOLINER (meunier) ou FOURNIER (BOULANGER).
Les métiers représentés peuvent être d'origine agricole. Nous pouvons ALORS appréhender la diversité des métiers pratiqués : AGUILAR (le toucheur de boeufs), VELA (le berger), CABRERA (le gardien de chèvres), COLOMÉ (l'éleveur de pigeons), PEIX (le marchand de poissons), VIGNAUD (le vigneron).
Les artisans ne sont pas en reste avec BARDES (fabricant de bâts), BOURRAT (fabricant de bourre de laine), FABRESSE (maréchal-ferrand), FUSTER (menuisier), SABATÉ (savetier) TISSEYRE (tisserand), TRONYO (cordier).
Quelques métiers plus rares ont donné lieu également à des noms de familles parmi les milles noms les plus portés dans les Pyrénées-Orientales : BAILLS (bailli), DELSENY (sonneur de cloches), IGLESIS (employé d'une église), MERCADER (marchand), ADROGUER (droguiste).

Les noms se rapportant à une caractéristique physique ou morale

En général, les surnoms qui ont servi à établir ces noms, ne sont pas franchement gentils. Concernant le physique, nous trouverons BASSET (petit), GRANDO, GRAS, BLANCO, NÈGRE, MOURAGUES (peau mate), ROIGT (roux), ROUS, CABOT (qui a une petite tête), CARNO (avec des jambes fortes), POLIT (beau), REBARDY (rajeuni). Les traits de caractères et autres manies ont également servi à forger des noms : AMOUROUX, VENTURA (chanceux), BARATE (malicieux), CONILL (peureux comme un lièvre), GATOUNES (sournois ou rusé), MOUCHE (agaçant), SAGUÉ (toujours en retard), PIQUEMAL (qui démolissait à coups de pic ou fauchait les céréales ou encore remuait la terre... mais mal !). Enfin, le nom peut aussi évoquer les liens de parenté comme GENDRE, FILLOLS (filleul), PAYRÉ (père).

Attention aux faux amis ! JOLY était une personne joyeuse, BOURRET était fort comme un taureau, RIGOLE provient d'un ancien prénom, SOULIER possédait une maison exposée au soleil avec une terrasse !

Enfin, dernier cas de figure propre à la catalogne, les noms dont l'orthographe change selon la prononciation de certaines lettres en catalan : VERGÈS et BERGÈS, PRATS ET PRATX, PACULL et PACOUIL ou PACOU, KRICH et KRITX voire même CARITG, BOIX et BOSCH, OLIVER et OLIBER; et bien sûr leurs variantes avec ou sans S, avec É ou ER...

Et vous, avez-vous dans vos familles des noms d'origine catalane ?

Sources : 
Les noms de familles dans les Pyrénées-Orientales, Laurent MILLET, Christophe BELSER, Marie-Odile MERGNAC, éd Archives et Culture, 2009.